Par Emilie Bouvard

Karem Arrieta, Venezuela, 1964, vit et travaille à Paris.
Mélancolie furieuse, ensemble de quatre tableaux, huile sur toile.
Karem Arrieta réalise des portraits d’enfants d’après photographies ou cartes postales. Ce sont donc souvent des portraits d’après des images anciennes, d’enfants inconnus, morts ou disparus, qui présentent différentes facettes de l’enfance. Les tableaux présentés ici sont inspirés des portraits photographiques peu connus de Lewis Carroll, auxquelles viennent se mêler des figures venues d’autres images, de tableaux anciens ou historiques, qui pour la plupart regardent le spectateur dans les yeux, avec interrogation, provocation ou agressivité. Ce collage pictural est unifié par le choix des couleurs, assourdies, brunâtres, et par un traitement pictural homogène des visages reposant sur la mise en relief contrastée des méplats, et l’usage de tons gris et sombres. Enfin, le vêtement, traité ici comme l’enveloppe bourgeoise et masquante des corps, engonce les enfants, et du 16ème siècle aux petites filles de Lewis Caroll, font effet de redingotes sociales. Dans ces tableaux, l’enfance semble appartenir à un temps lointain, mais aussi infernal, une sorte d’autre monde fantastique étrangement proche de la mort.

Emilie Bouvard